Florent Schmitt (1870-1958)
Fables sans morales Op.130
D’après les Fables de La Fontaine
Éditions Durand
Notes sur l’oeuvre

1.La femme noyée
2.Le Lion devenu vieux (Fiche dans ce blog)
3.Parole de Socrate
4.Squatteurs

Pour Chœur à quatre voix mixtes (ou quatuor de solistes) a cappella
Partition à la BNF Paris Richelieu – Section Musique (Cote : VMH-3505)
Partition en ligne

Chamber Choir of the ORTF
Jean-Paul Kreder (direction)

1.La femme noyée
Plaisamment funèbre mais sans lenteur à 3/4 en Do Majeur

Donc il s’agit en cette fable
D’une femme qui dans les flots
Avait fini ses jours par un sort déplorable.
Son époux en cherchait le corps,
Pour lui rendre, en cette aventure,
Les honneurs de la sépulture.
Il arriva que sur les bords
Du fleuve auteur de sa disgrâce
Des gens se promenaient ignorants l’accident.
Ce mari donc leur demandant
S’ils n’avaient de sa femme aperçu nulle trace:
«Nulle, reprit l’un d’eux; mais cherchez-la plus bas;
Suivez le fil de la rivière.»
Un autre repartit: » Non, ne le suivez pas;
Rebroussez plutôt en arrière:
Quelle que soit la pente et l’inclination
Dont l’eau par sa course l’emporte,
L’esprit de contradiction
L’aura fait flotter d’autre sorte.»


2.Le lion devenu vieux (Vidéo : 2:02)
Mouvement modéré à 4/4 en Ré mineur

Le Lion, terreur des forêts,
Chargé d’ans et pleurant son antique prouesse,
Fut enfin attaqué par ses propres sujets,
Devenus forts par sa faiblesse.
Le Cheval s’approchant lui donne un coup de pied ;
Le Loup un coup de dent, le bœuf un coup de corne.
Le malheureux lion, languissant, triste, et morne,
Peut a peine rugir, par l’âge estropié.
Il attend son destin, sans faire aucunes plaintes ;
Quand voyant l’âne même à son antre accourir :
« Ah ! c’est trop, lui dit-il ; je voulais bien mourir ;
Mais c’est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. »


3.Parole de Socrate (Vidéo : 3:47)
Un peu lourd, sans lenteur à 3/4 en Ré Majeur

Socrate un jour faisant bâtir,
Chacun censurait son ouvrage :
L’un trouvait les dedans, pour ne lui point mentir,
Indignes d’un tel personnage ;
L’autre blâmait la face, et tous étaient d’avis
Que les appartements en étaient trop petits.
Quelle maison pour lui ! L’on y tournait à peine.
Plût au ciel que de vrais amis,
Telle qu’elle est, dit-il, elle pût être pleine !


4.Squatteurs (La Lice et sa Compagne) (Vidéo : 5:09)
Non sans entrain à 2/4 en Sol Majeur

Une lice étant sur son terme,
Et ne sachant ou mettre un fardeau si pressant,
Fait si bien qu’à la fin sa compagne consent
De lui prêter sa hutte, où la lice s’enferme.
Au bout de quelque temps sa compagne revient.
La lice lui demande encore une quinzaine ;
Ses petits ne marchaient, disait-elle, qu’à peine.
Pour faire court, elle l’obtient.
Ce second terme échu, l’autre lui redemande
Sa maison, sa chambre, son lit.
La lice cette fois montre les dents, et dit :
« Je suis prête à sortir avec toute ma bande,
Si vous pouvez nous mettre hors. »
Ses enfants étaient déjà forts.


La Fontaine : Coloriage des Fables de La Fontaine