La Chauve-souris et les Deux Belettes (Lecocq)
La Colombe et la Fourmi (Bonneau)
Le Cygne et le Cuisinier (Manziarly)
Le Savetier et le Financier (Lecocq-Offenbach-Robin-Viardot)
La Chauve-souris et les Deux Belettes
Une Chauve-Souris donna tête baissée
Dans un nid de Belette ; et sitôt qu’elle y fut,
L’autre, envers les souris de longtemps courroucée,
Pour la dévorer accourut.
« Quoi ? vous osez, dit-elle, à mes yeux vous produire,
Après que votre race a tâché de me nuire!
N’êtes-vous pas Souris ? Parlez sans fiction.
Oui, vous l’êtes, ou bien je ne suis pas Belette.
– Pardonnez-moi, dit la pauvrette,
Ce n’est pas ma profession.
Moi Souris ! Des méchants vous ont dit ces nouvelles.
Grâce à l’Auteur de l’Univers,
Je suis Oiseau ; voyez mes ailes :
Vive la gent qui fend les airs! «
Sa raison plut, et sembla bonne.
Elle fait si bien qu’on lui donne
Liberté de se retirer.
Deux jours après, notre étourdie
Aveuglément se va fourrer
Chez une autre Belette, aux oiseaux ennemie.
La voilà derechef en danger de sa vie.
La Dame du logis avec son long museau
S’en allait la croquer en qualité d’Oiseau,
Quand elle protesta qu’on lui faisait outrage :
« Moi, pour telle passer! Vous n’y regardez pas.
Qui fait l’Oiseau ? c’est le plumage.
Je suis Souris : vivent les Rats !
Jupiter confonde les Chats ! «
Par cette adroite repartie
Elle sauva deux fois sa vie.
Plusieurs se sont trouvés qui, d’écharpe changeants
Aux dangers, ainsi qu’elle, ont souvent fait la figue.
Le Sage dit, selon les gens :
« Vive le Roi, vive la Ligue. »
Charles Lecocq (1832-1918)
Six Fables de Jean de La Fontaine n°6
Pour voix haute et piano
début Mi mineur et fin Mi Majeur (Do3-Sol4)
Partition (Bibliothèque de Paris – 75001)
Partition
à la BNF Paris Richelieu – Section Musique (Cote : VM7-71852 (5))
Partition
Bibliothèque du Conservatoire de Musique de Genève
● Partition en ligne
François Le Roux (baryton)
Jeff Cohen (piano)
La Colombe et la Fourmi
Le long d’un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l’eau se penchant une Fourmi y tombe.
Et dans cet océan l’on eût vu la Fourmi
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La Colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.
Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus.
Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu’il voit l’Oiseau de Vénus
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon Villageois s’apprête,
La Fourmi le pique au talon.
Le Vilain retourne la tête :
La Colombe l’entend, part, et tire de long.
Le soupé du Croquant avec elle s’envole :
Point de Pigeon pour une obole.
Paul Bonneau (1918-1995)
Fables de La Fontaine I n°6
les Nouvelles éditions Méridian
Pour voix moyenne et piano
Tempo di valse lent à 3/4
Ré Majeur (Do3-Ré4) Fa#4 facultatif
Partition
Fiche pédagotique
Nicole Broissin, soprano
Paul Bonneau, direction
Le Cygne et le Cuisinier
Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le Cygne et l’Oison :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l’un qui se piquait d’être
Commensal du jardin, l’autre, de la maison.
Des fossés du Château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l’onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le Cuisinier, ayant trop bu d’un coup,
Prit pour Oison le Cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l’égorger, puis le mettre en potage.
L’oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le Cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu’il s’était mépris.
« Quoi ? je mettrois, dit-ilj un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s’en sert si bien! «
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.
Marcelle de Manziarly (1899-1989)
Pour quatuor vocal et piano ou Chœur SATB
Partition
à la BNF Paris Richelieu – Section Musique (Cote : VMG-12798)
● Partition en ligne
Le Savetier et le Financier
Un Savetier chantait du matin jusqu’au soir :
C’était merveilles de le voir,
Merveilles de l’ouïr ; il faisait des passages,
Plus content qu’aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d’or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C’était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l’éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N’eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
Suite de la Fable
Charles Lecocq (1832-1918)
Six fables de La Fontaine n°2
Pour voix haute et piano
Ré Majeur (Do#3-Sol4)
Partition à la BNF Paris Richelieu – Section Musique (cote : VM7-71852 (6))
Partition Bibliothèque de Paris – Médiathèque Musicale (75001 Paris)
François Le Roux, baryton
Jeff Cohen, piano
Jacques Offenbach (1819-1880)
Six Fables de La Fontaine n°2
Editions Bote & Bock
Pour voix haute et piano
Fa Majeur (Si2-La4)
Il existe une version pour voix moyenne
& Partition en ligne (voix moyenne)
Bruno Laplante (Baryton)
Marc Durand (piano)
Emmanuel Robin (1965)
Chœur à voix mixtes (6 voix) a cappella
Éditions Symétrie
Partition
Pauline Viardot (1821-1910)
Six Mélodies n°6
Pour voix moyenne et piano
Partition à la BNF Paris Richelieu – Section Musique (Cote : VM BOB-21494)
● Partition en ligne
Stéphanie d’Oustrac, mezzo-soprano
François Tillard, piano