Alexandre Bruneau (1857-1934)
25 Fables de La Fontaine
Pour une ou deux voix et piano
Partition
Cliquez sur un titre…
1. La Grenouille qui veut se faire aussi grosse qu’un Boeuf
2. Le Loup plaidant contre le Renard devant le Singe
3. L’Âne et le petit Chien
4. Les Médecins
5. Le Serpent et la Lime
6. Le Lion s’en allant en guerre
7. Le Rat des villes et le Rat des champs
8. Le Loup et l’Agneau
9. Le Lion et le Rat
10. Le Renard ayant la queue coupée
11. Le Lion et le Chasseur
12. Le Laboureur et ses Enfants
13. Le Corbeau et le Renard
14. La Cigale et la Fourmi
15.Le Lion devenu vieux
16. La Belette entrée dans un grenier
17. Le Coq et la Perle
18. Le Geai paré des plumes du Paon
Les Fables suivantes ne sont pas de Jean de La Fontaine
Il est mentionné : Fable parodiée
Pas d’auteur indiqué, à part pour
« Le Renard et les Raisins » et « La Cigogne et le Renard »
19. Les Grenouilles qui demandent au roi
20. La Cigogne et le Renard
21. Le Loup et la Cigogne
22. Le Renard et les Raisins
23. La Cigale vengée
24. Le Renard et le Corbeau
25. Le Lièvre et la Tortue
1. La Grenouille qui veut se faire aussi grosse qu’un Boeuf (pdf page 3) (Fiche dans ce blog)
Fable dialoguée pour voix moyennes
Allegro moderato à 6/8 – Sol Majeur (Ré3-Mi4)
2. Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe (pdf page 6)
Fable dialoguée pour voix moyennes
Allegro à 4/4 – La mineur (Do3-Fa4) La2 facultatif
Un Loup disait que l’on l’avait volé :
Un Renard son voisin, d’assez mauvaise vie,
Pour ce prétendu vol par lui fut appelé.
Devant le Singe il fut plaidé.
Non point par avocats, mais par chaque partie.
Thémis n’avait point travaillé,
De mémoire de Singe, a fait plus embrouillé.
Le Magistrat suait, en son lit de Justice,
Après qu’on eut bien contesté
Répliqué, crié, tempêté.
Le Juge, instruit de leur malice,
Leur dit : Je vous connais de longtemps, mes amis.
Et tous deux vous paierez l’amende :
Car toi, loup, tu te plains, quoiqu’on ne t’ait rien pris ;
Et toi, renard, as pris ce que l’on te demande.
Moral parlé :
Le Juge prétendait qu’à tort et à travers
On ne saurait manquer condamnant un pervers.
3. L’Âne et le petit Chien (pdf page 9)
Fable dialoguée pour voix moyennes
Allegretto à 3/4 – La Majeur (Do#3-Mi4)
Parlé :
Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce :
Jamais un lourdaud, quoi qu’il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
Chanté :
Peu de gens, que le Ciel chérit et gratifie,
Ont le don d’agréer infus avec la vie.
C’est un point qu’il leur faut laisser,
Et ne pas ressembler à l’âne de la fable,
Qui, pour se rendre plus aimable,
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
Comment disait-il en son âme,
Ce Chien, parce qu’il est mignon,
Vivra de pair à compagnon
Avec Monsieur, avec Madame ;
Et j’aurais des coups de bâton !
Que fait-il ? il donne la patte ;
Puis aussitôt il est baisé :
S’il en faut faire autant afin que l’on me flatte,
Cela n’est pas bien malaisé.
Dans cette admirable pensée,
Voyant son Maître en joie, il s’en vient lourdement,
Lève une corne toute usée,
La lui porte au menton fort amoureusement,
Non sans accompagner, pour plus grand ornement,
De son chant gracieux cette action hardie.
Oh ! oh ! quelle caresse et quelle mélodie !
Dit le Maître aussitôt. Holà, Martin bâton!
Martin bâton accourt ; l’âne change de ton!
Ainsi finit la comédie.
4. Les Médecins (pdf page 14)
Scène dialoguée pour voix moyennes
à une ou deux voix
Allegro moderato à 2/4 – Sol mineur (Do3-Mi4)
Le médecin Tant-Pis allait voir un malade;
Que visitait aussi son confrère Tant-Mieux.
Ce dernier espérait, quoique son camarade,
Soutînt que le gisant irait voir ses aïeux.
Tous deux s’étant trouvés différents pour la cure,
Leur malade paya le tribut à nature,
Après qu’en ses conseils Tant-Pis eut été cru.
Ils triomphaient encor sur cette maladie.
L’un disait : Il est mort, je l’avais bien prévu.
S’il m’eût cru, disait l’autre, il serait plein de vie.
5. Le Serpent et la Lime (pdf page 16)
Pour voix moyenne
Allegro moderato à 2/4 – Ré mineur (Ré3-Mi4)
On conte qu’un serpent voisin d’un horloger
(C’était pour l’horloger un mauvais voisinage)
Entra dans sa boutique, et cherchant à manger,
N’y rencontra pour tout potage
Qu’une lime d’acier qu’il se mit à ronger.
Cette lime lui dit : sans se mettre en colère :
Pauvre ignorant ! Eh! que prétends-tu faire ?
Tu te prends à plus dur que toi,
Petit serpent à tête folle;
Plutôt que d’emporter de moi
Seulement le quart d’une obole,
Tu te romprais toutes les dents.
Je ne crains que celles du temps.
<b<Parlé
Ceci s’adresse à vous, esprits du dernier ordre,
Qui, n’étant bons à rien, cherchez sur tout à mordre
Vous vous tourmentez vainement.
Croyez-vous que vos dents impriment leurs outrages
Sur tant de beaux ouvrages ?
Ils sont pour vous d’airain, d’acier, de diamant .
6. Le Lion s’en allant en guerre (pdf page 19)
Pour baryton
Allegro marziale à 12/8 – Mi bémol Majeur (Sib3-Mib4)
Le Lion dans sa tête avait une entreprise :
Il tint conseil de guerre, envoya ses prévôts.
Fit avertir les animaux.
Tous furent du dessein, chacun selon sa guise,
L’éléphant devait sur son dos
Porter l’attirail nécessaire,
Et combattre à son ordinaire ;
L’ours s’apprêter pour les assauts ;
Le renard ménager de secrètes pratiques ;
Et le singe amuser l’ennemi par ses tours.
Renvoyez, dit quelqu’un, les ânes qui sont lourds,
Et les lièvres sujets à des terreurs paniques.
Point du tout, dit le roi; je les veux employer :
Notre troupe sans eux ne serait pas complète ;
L’âne effraiera les gens, nous servant de trompette,
Et le lièvre pourra nous servir de courrier.
Parlé
Le monarque prudent et sage
De ses moindres sujets sait tirer quelque usage
Et connaît les divers talents
Il n’est rien d’inutile aux personnes de sens .
7. Le Rat des villes et le Rat des champs (pdf page 22) (Fiche dans ce blog)
Fable dialoguée
Pour soprano ou ténor
Allegro à 4/4 – La mineur (Do3-Fa4) La2 facultatif
8. Le Loup et l’Agneau (pdf page 24) (Fiche dans ce blog)
Fable dialoguée
Pour baryton et soprano (ou ténor)
Andantino pastorale à 4/4 – Do Majeur (Si2-Fa4/sol4)
9. Le Lion et le Rat (pdf page 29) (Fiche dans ce blog)
Pour contralto ou baryton
Moderato à 4/4 – Ré Majeur (La2-Ré3) Fa4 facultatif
10. Le Renard ayant la queue coupée (pdf page 33)
Comique et dialoguée ou solo pour voix moyennes
Allegretto mouvt de Valse non trop vite à 3/4
Ré Majeur (Ré3-Fa#4) La2 facultatif
Un vieux renard, mais des plus fins,
Grand croqueur de poulets, grand preneur de lapins,
Sentant son renard d’une lieue,
Fut enfin au piège attrapé
Par grand hasard en étant échappé
Non pas franc, car pour gage il y laissa sa queue;
S’étant, dis-je, sauvé sans queue, et tout honteux,
Pour avoir des pareils (comme il était habile,)
Un jour que les renards tenaient conseil entre eux :
Que faisons-nous, dit-il, de ce poids inutile,
Et qui va balayant tous les sentiers fangeux ?
Que nous sert cette queue ? Il faut qu’on se la coupe :
Si l’on me croit, chacun s’y résoudra.
Votre avis est fort bon, dit quelqu’un de la troupe;
Mais tournez-vous, de grâce, et l’on vous répondra.
A ces mots il se fit une telle huée,
Que le pauvre écourté ne put être entendu.
Prétendre ôter la queue eût été temps perdu;
La mode en fut continuée.
11. Le Lion et le Chasseur (pdf page 37)
Pour baryton et ténor
Allegro à 6/8 – Sol Majeur (Do#3-Mi4)
Un Fanfaron amateur de la chasse,
Venant de perdre un chien de bonne race,
Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion,
Vit un berger : enseigne-moi, de grâce,
De mon voleur, lui dit-il, la maison ;
Que de ce pas je me fasse raison.
Le berger dit : c’est vers cette montagne.
En lui payant de tribut un mouton
Par chaque mois, j’erre dans la campagne
Comme il me plaît; et je suis en repos.
Dans le moment qu’ils tenaient ces propos,
Le lion sort, et vient d’un pas agile.
Le Fanfaron aussitôt d’esquiver :
Ô Jupiter, montre-moi quelque asile,
S’écria-t-il, qui me puisse sauver.
Parlé
La vraie épreuve de courage
N’est que dans le danger que l’on touche du doigt
Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage,
S’enfuit aussitôt qu’il le voit.
12. Le Laboureur et ses Enfants (pdf page 40) (Fiche dans ce blog)
Baryton et mezzo-soprano
Larghetto maestoso à 4/4 – Sol mineur (Sib2-Mib4) Sol4 Facultatif
13. Le Corbeau et le Renard (pdf page 44) (Fiche dans ce blog)
Fable dialoguée pour voix moyennes
Allegro moderato à 6/8 – Sol Majeur (Ré3-Mi4)
14. La Cigale et la Fourmi (pdf page 47) (Fiche dans ce blog)
Pour ténor ou soprano
Allegro à 2/4 – Mi Majeur (Do#4-Fa#4) La4 facultatif
15. Le Lion devenu vieux (pdf page 51) (Fiche dans ce blog)
Pour basse ou baryton
Allegro vivace à 4/4 – Mi mineur (La2-Mi4)
16. La Belette entrée dans un grenier (pdf page 53) (Fiche dans ce blog)
Pour soprano ou ténor
Allegro, spirito et gaîment à 2/4 – Do Majeur (Ré3-Fa4)
17. Le Coq et la Perle (pdf page 58) (Fiche dans ce blog)
Fable dialoguée pour voix moyennes
Allegro non troppo à 2/4 – Sol Majeur (Mi3-Mi4)
18. Le Geai paré des plumes du Paon (pdf page 58)
Pour soprano ou ténor
Allegro moderato à 6/8 – Ré Majeur (Ré3-Fa#4)
Un paon muait : Un geai prit son plumage ;
Puis après se l’accommoda.
Puis parmi d’autres paons tout fier se panada,
Croyant être un beau personnage.
Quelqu’un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué,
Et par messieurs les paons plumé d’étrange sorte ;
Même vers ses pareils s’étant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.
Qui se parent souvent des dépouilles d’autrui,
Et que l’on nomme plagiaires.
Je m’en tais, et ne veux leur causer nul ennui.
Ce ne sont pas là mes affaires.
19. Les Grenouilles qui demandent au roi (pdf page 62)
Scène comique et parodiée (Auteur inconnu)
Mélodie à 4 couplets + Morale
Pour voix moyenne
Allegretto moderato à 2/4 – Sol Majeur (Ré3-Sol4)
Certain jour au fond des eaux
Aux habitants des roseaux,
Une grenouille en pleurant
Tint ce discours éloquent.
Il serait urgent ma foi,
De choisir un roi,
Mes sœurs croyez-moi.
Et tandis qu’elle parlait,
Une grenouille chantait.
Va t’en voir s’ils viennent, Jean…
Jupiter fut consulté,
Et ce Dieu dans sa bonté
D’un soliveau leur fit don
Mais ce monarque trop bon
Fut par son peuple entêté,
D’abord plaisanté
Et fort mal traité.
Il régnait avec douceur
Cela lui porta malheur.
Depuis ce temps là de Rois
Elles changèrent quatre fois.
Lors qu’une grue à son tour
Au marais vint tenir cour.
Sous c’regim’ un peu glissant,
L’peuple croassant
Allait décroissant.
Et fut dans l’enchantement
De ce nouveau changement.
Des sujets marécageux
Les plaintes furent aux cieux.
« Vous aviez un roi trop doux, »
Dit Jupiter en courroux.
« Vous souffrez par ci, par là,
Pourtant, halte-là,
Gardez celui-là.
Folles n’en changez jamais,
Il en est de plus mauvais.
Bref, de cette fable-ci,
La morale la voici.
Quoi qu’à moitié bien logé
Ne donnez jamais congé.
Souvent en déménageant
Souvenez-vous en,
Souvenez-vous en.
Les locataires sont forcés
De payer les pots cassés.
20. La Cigogne et le Renard (pdf page 65)
Poème de L.P.
Comique et parodiée
Mélodie à 7 couplets
Pour voix moyenne
Allegro moderato à 3/4 – Mi bémol Majeur (Si2-Fa4)
Un jour d’un air aimable
Un vieux r’nard bon vivant
Invitait à sa table
C’qui n’arrive pas souvent.
Sa voisin’ la cigogne,
qui s’garda d’refuser
Son concours à la b’sogne,
Qu’on v’nait d’lui proposer.
Le R’nard pour tout’ cuisine,
N’avait qu’un brouet clair
D’assez mauvaise mine
Qu’il servit en plein air,
Sur une assiette unie
C’qui fit qu’l’hôte au long bec
N’en put attraper mie
Et resta l’ventre à sec.
Pour se venger d’l’offense
La cigogne à son tour,
L’invite à faire bombance
D’un morceau de bass’ cour.
Volontiers, lui dit l’drôle,
Car pour te faire plaisir,
J’irais dans l’cas ma parole
De me laisser raccourcir.
A l’heure dit’ le compère
S’trouvait au rendez-vous,
Ayant pour faire bonn’chère
L’appétit d’trent’six loups.
L’odeur de la ripaille,
Lui flattait tant l’nazoi,
Qu’il s’croyait à Versailles
Dans la cuisine du Roi.
Déployant sa serviette,
Il va pour commencer,
Mais sur la table nette,
Il ne voit rien passer.
Rien qu’un grand vase étrange
Au col étroit et long,
Dont sans qu’ca la dérange
La cigogne touch’ le fond.
Mais l’râtelier du sire
Etait fait de façon,
Qu’il ne put l’introduire
Dans l’précieux flacon.
Et chaque fois son hôtesse
Bequ’tait quelqu’ bons morceaux.
D’envie et de tendresse
Il s’en léchait l’museau
Il dut à sa demeure,
A jeun s’en retourner.
Et s’coucher à son heure
Comme s’il v’nait de diner.
Trompeurs pourqui j’rabâche,
Cette histoire apprenez,
Que lorsqu’en l’air on crache
Ça vous r’tombe sur le nez.
21. Le Loup et la Cigogne (pdf page 66)
Dialoguée et parodiée (Auteur inconnu)
Mélodie à 6 couplets
Pour voix moyennes
Allegro à 2/4 – Do Majeur (Ré3-Mi4) Sol4 facultatif
Certain jour chez Passoir un loup cossument mis ;
Se fit servir des huîtres avec du vieux Chablis.
Le gaillard qui faisait, bien sauter le bouchon
Chantait en déjeunant la mère Godichon.
Bientôt le gastronome appela le garçon.
Lui dit: servez moi vite un gigot de mouton.
On sert le fin gigot, et sans salamalec.
Le loup mangeant trop vite avala l’os avec.
Tout tremblant, il s’écrie: faute d’attention,
Je sens que j’vais avoir une indigestion.
Une jeune cigogne qui dinait près de lui
Lui dit: j’vais vous s’courir, car vous êtes un ami.
La cigogne aussitôt allongeant son cou sec,
Dans l’gosier du malade introduisit son bec.
L’adroite opératrice sauva l’doyen des loups
Et tenant l’os chanta « la victoire et à nous ».
Vous alliez trépasser, Seigneur, sans mon talent,
Payez-moi le café pour êtr’ reconnaissant.
Vous êtes trop heureus’, lui répondit le loup ;
D’avoir pu retirer votre bec de mon cou.
Ah! répond’ la cigogne avec un air vexé,
j’croyais que mon talent s’rait mieux récompensé.
J’ajoute pour morale, et, c’est un fait constant,
Qu’on a souvent bien tort d’obliger un méchant.
22. Le Renard et les Raisins (pdf page 71)
Poème de Marc Constantin
Fable parodiée comique
Mélodie à 10 couplets
Pour voix moyenne
Allegro vivace à 2/4 – Do Majeur (Ré3-Fa4)
Un renard bon compère,
Tout habillé de gris,
Biribi.
Un jour dit à son père,
J’vais flaner hors Paris,
Carabi.
Toto Carabo,
Donne-moi mon chapeau,
Compère Guilleri.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Franchissant la barrière
Un octroyen lui dit:
Biribi.
Que portez vous derrière?
C’est ma queue mon ami,
Carabi.
Toto Carabo,
En poil de blaireau
Comme vos favoris.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Passant d’vant au village
Les poules du pays
Biribi.
Disaient: c’beau personnage
Est joliment bien mis
Carabi.
Toto Carabo,
La queue de son manteau
Semble un plumet d’marquis.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Je crois, dit-il, qu’on s’moque
De ce qui m’embellit.
Biribi.
La d’ssus il tombe et croque,
La poule et ses petits
Carabi.
Toto Carabo,
Après ce fricandeau,
Il fut en appétit.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Il arrive dans un’ ville,
Qu’elle est c’tte vill’ dit-y?
Biribi.
Ca m’paraît fort tranquille
J’vas m’établir ici.
Carabi.
Toto Carabo,
Mais je suis à Fontainebleau!
D’où vient l’raisin d’Paris.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Passant d’vant une treille
Il s’croit en paradis.
Biribi.
Plus de cent grapp’ vermeilles
Semblaient d’un gout exquis.
Carabi.
Toto Carabo,
Mais, c’était trop haut,
A vingt pieds et d’mie.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Il dit: o pein’ cruelle!
Comment croquer ceci!
Biribi.
Si j’avais une échelle,
Ça n’frait pas un pli.
Carabi.
Toto Carabo,
Je croque le marmot
en attendant l’treillis.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
L’œil fixe la bouche béante
Devant ces grains d’rubis;
Biribi.
Après cinq heures d’attente,
Il jure un sacristi.
Carabi.
Toto Carabo,
J’ai le bec .. dans l’eau
Et le torticoli.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Les raisins d’cette muraille
Sont verts comm’ des amis!
Biribi.
C’est bon pour d’la val’taille
Mais moi, j’suis trop bien mis.
Carabi.
Toto Carabo,
L’chass’las de Fontain’bleau
Ne vaut pas l’raisin d’Paris.
Qu’il était gai, le petit Renard gris.
Comme il faut un’ morale
Aux fables qu’on écrit
Biribi.
Pour toute fin finale
Je vais vous fair’ celle ci:
Carabi.
Toto Carabo,
L’raisin de Fontain’bleau-
C’t’année, s’ra hors de prix.
Il faudra faire comm’ le p’tit Renard gris.
23. La Cigale vengée (pdf page 6)
Dialoguée et parodiée (Auteur inconnu)
Mélodie à 7 couplets + Moralité
Pour voix moyennes
Allegro à 2/4 – Fa Majeur (Mi3-Fa4)
Un jour dame Cigale, couchée sur son sopha
S’occupait d’étudier un nouvel opéra.
Se trouva dérangée, en essayant un mi
Par un de ses valets annonçant la Fourmi.
Alors, dame Fourmi, couverte d’un haillon,
De gros sabots aux pieds entra dans le salon.
La cigale à l’instant, en la reconnaissant
Par ces mots commença le dialogue suivant.
En croirais-je mes yeux? Quel air de pauvreté !!!
Seriez-vous donc réduite à la mendicité?
« Hélas! vous l’avez dit, maudite par l’enfer,
J’ai perdu tout mon bien en jouant au chemin d’fer. »
Maintenant vous n’pourrez plus, boire votr’ goutte de cognac,
El’ver des chats, des s’rins et prendr’ du tabac?
« J’ai mis tout ça d’coté, mais j’viens vous emprunter
A mon tour M’am’ Cigal’, quequ’ sous pour subsister.
Si vous ne l’voulez pas, c’est qu vous l’voudrez bien,
Car lors qu’on est chanteuse au théâtre Italien
Qu’on enfonce Dorus-Gras, M’am’ Damoreau-Cinti.
On peut bien soulager une pauvre fourmi … »
Sur ces mot, la Cigal’ flattée d’ces compliments
Répond: vous tombez mal, j’attend mes appoint’ments.
Figurez-vous qu’hier, j’ai payé mon loyer,
Ce qui m’mettait à court, m’empêche de vous prêter.
A ce r’fus, la Fourmi se leva brusquement
Et sans dire un seul mot quitta l’appartement.
En proie au désespoir, de se trouver sans pain,
Elle alla se jeter dans l’canal Saint Martin.
En fait d’moralité, rentiers sachez par coeur,
Qu’on ne doit passer le pauv’ dans le malheur.
On n’sait ce que l’avenir ménage de noirceur,
Surtout quand on s’permet, d’jouer avec la vapeur.
25. Le Renard et le Corbeau (pdf page 77)
Chansonnette (Auteur inconnu)
Mélodie à 8 couplets
Pour voix moyennes
Allegro moderato à 6/8 – Sol Majeur (Ré3-Mi4)
Un jour maître Corbeau sur und arbre perché,
Tenait dedans son bec un fromage glacé.
Lorsque maître Renard attiré par l’odeur.
L’accoste poliment par ce propos flatteur.
Bonjour, maître Corbeau! Comment vous portez-vous?
Merci, maître Renard, ça va pas mal et vous?
Et mes enfants aussi, hors mon p’tit nouveau-né,
Qui par ses derniers froids s’est très fort enrhumé.
Peste, mon cher Corbeau, vous êtes joliment mis,
Vous vous faites pour sûr habiller à Paris?
Oui, répond le nigaud à ce propos railleur.
Puis, il offre aussitôt l’adresse de son tailleur.
Vraiment si vot’ ramag’ ressemble à vot’ pal’tot,
Vous enfoncez Duprez, Lablache et Mario,
Chantez-moi quelque chose, une ariette, un rien,
Car chez-vous d’père en fils, chacun est musicien!
Alors, maître Corbeau, sans se faire prier,
Entonne sans façon le grand air du Barbier.
Mais comme il faut ouvrir la bouche pour chanter,
Il laisse tomber par terre son fromage glacé.
Soudain maître Renard, qui comptait la-dessus,
Saute sur le fromage et rit comme un bossu;
Puis il dit au Corbeau, Je vous ai fait poser,
Vous n’êtes pas bien mis, vous n’savez pas chanter.
En entendant ces mots, le Corbeau confondu
S’écrie: Ah! quel malheur, le duel est défendu.
Je suis volé, dupé, maudit soit le destin!
Etr’doyen des corbeaux et passer pour un s’rin!
Or donc de ces couplets, la moral’ la voici:
Corbeaux petits et grands, retenez-bien ceci.
C’est qu’il est maladroit, a dit un vieux gourmand,
Quand on aim’ le fromag’, de parler en mangeant.
25. Le Lièvre et la Tortue (pdf page 79)
Scène comique parodiée (Auteur inconnu)
Mélodie à 10 couplets + Moralité
Pour voix moyennes
Allegro pastorale à 2/4 – La Majeur (Mi3-Fa#4)
Rien ne sert de courir, a dit l’bon La Fontaine,
Quand on veut arriver l’tout est d’partir à temps.
Son p’tit livre en fournit un’preuve si certaine,
Que depuis j’l’ai lu, c’est comm’ça que j’lentends.
Abordant un vieux Lièvre en r’nom pour sa vitesse,
Une tortue osa lui tenir ce propos :
Gageons qu’pour le prix, j’te brûle la politesse
Et qu’j’arrive avant toi, ma maison sur le dos.
Ça m’va, reprend le drôle en se tenant les côtes.
Un p’tit galop d’ailleurs ne peut que m’faire du bien ;
Mais – soit il dit entre nous, je crois que tu radotes,
Et qu’ton cerveau malade a besoin de repos.
Au but, l’premier rendu, devait aux dépens d’l’autre,
Au restaurant voisin se payer un bon r’pas,
J’te conseille les ch’mins d’fer, dit le Lièvre bon apôtre,
Et moi, dit la Tortue, d’pas fair’ tant d’embarras.
Et la Tortue alors sans tambour ni trompette,
Par dessus son manchon rangainant son argot,
Prit le pas gymnastique en bon ch’val d’estafette
Si bien qu’on aurait cru qu’elle avait l’vertigo.
Notre Lièvre en docteur trop confiant dans son r’mède,
Pensait qu’être vainqueur pour lui serait un jeu.
La Tortue, après tout n’a pas d’vélocipède,
Disait il, donc j’ai le temps de m’amuser un peu.
Pour montrer sa valeur, il ne se mit en route
Que longtemps après elle, et s’arrêta partout.
La, pour faire un bon mot, ici prendre la goutte
Convaincu qu’en trois pas il arriverait au but.
Cepandant la Tortue en grande diligence
Poussant toujours au large allait du même train,
La course vainement lui secouait la pause
Elle n’y prenait pas garde et gagnait du terrain.
Voyant qu’elle n’avait plus que quatre pas à faire
Pour atteindre le but vers lequel ell’ courait,
Notre Lièvre allongea les pattes de derrière
Pour arriver l’premier s’élança comme un trait.
Mais il n’était plus temps, et Madam’ la Tortue
Arrivée bien avant, lui dit « pauvre nigaud,
Si j’avais comme toi, fait un’pareil’ bevue
J’s’rais plus sage à l’av’nir, et j’parl’rais pas si haut.
Ainsi finit l’histoir’ du bon homm’ Lafontaine
Qui voulait nous prouver, que quand on va quelqu’ part,
Qu’on soit lièvre, ou tortue, ou de l’espèce humaine.
Pour arriver d’bonne heure, faut pas partir trop tard.
Image libre de droit de Gerd Altmann – Pixabay.com
Alexandre Bruneau, Baryton, Basse, Duo, Jean de La Fontaine, Mezzo-soprano, Soprano, Ténor, Voix moyenne
25 Fables de La Fontaine d’Alexandre Bruneau