Poème de Casimir Delavigne

Mon bien-aimé, dans mes douleurs,
Je viens de la cité des pleurs,
Pour vous demander des prières.
Vous me disiez, penché vers moi :
« Si je vis, je prierai pour toi. »
Voilà vos paroles dernières.
Hélas ! hélas !
Depuis que j’ai quitté vos bras,
Jamais je n’entends vos prières.
Hélas ! hélas !
J’écoute, et vous ne priez pas !

Combien nos doux ravissements,
Ami, me coûtent de tourments,
Au fond de ces tristes demeures !
Les jours n’ont ni soir ni matin ;
Et l’aiguille y tourne sans fin,
Sans fin, sur un cadran sans heures :
Hélas ! hélas !
Vers vous, ami, levant les bras,
J’attends en vain dans ces demeures !
Hélas ! hélas !
J’attends, et vous ne priez pas !

Adieu ! je ne reviendrai plus
Vous lasser de cris superflus,
Puisqu’à vos yeux une autre est belle.
Ah ! que ses baisers vous soient doux !
Je suis morte, et souffre pour vous !
Heureux d’aimer, vivez pour elle.
Hélas ! hélas !
Pensez quelquefois dans ses bras
A l’abime où Dieu me rappelle.
Hélas ! hélas !
J’y descends, ne m’y suivez pas !



Georges Bizet (1838-1875)
Vingt Mélodies n°7
Éditions Choudens
Pour voix haute et piano
Moderato à 4/4
Ré mineur (Ré3-Sol4)
Version en Dom pour mezzo-soprano
Partitions

Sylvia McNair (soprano)
Roger Vignoles (piano)


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