Francis Poulenc (1899-1963)
Petite cantate de chambre
Pour 6 voix mixte (sextuor) ou chœur a cappella
Poème de Paul Eluard
Éditions Salabert
1. De grandes cuillers de neige (vidéo 0:24) – Modéré sans lenteur
2. La bonne neige (vidéo 01:43) – Très modéré
3. Bois meurtri (vidéo 03:36) – Très lent et calme
4. La nuit le froid la solitude (vidéo 05:49) – Eclatant et modéré
Partition
Partition en ligne

RIAS Kammerchor
Daniel Reuss (Direction)

DE GRANDES CUILLERS DE NEIGE…
De grandes cuillers de neige
Ramassent nos pieds glacés
Et d’une dure parole
Nous heurtons l’hiver têtu

Chaque arbre a sa place en l’air
Chaque roc son poids sur terre
Chaque ruisseau son eau vive
Nous nous n’avons pas de feu.

LA BONNE NEIGE
La bonne neige le ciel noir
Les branches mortes la détresse
De la forêt pleine de pièges
Honte à la bête pourchassée
La fuite en flèche dans le coeur

Les traces d’une proie atroce
Hardi au loup et c’est toujours
Le plus beau loup et c’est toujours
Le dernier vivant que menace
La masse absolue de la mort.

BOIS MEURTRI
Bois meurtri bois perdu d’un voyage en hiver
Navire où la neige prend pied
Bois d’asile bois mort où sans espoir je rêve
De la mer aux miroirs crevés

Un grand moment d’eau froide a saisi les noyés
La foule de mon corps en souffre
Je m’affaiblis je me disperse
J’avoue ma vie j’avoue ma mort
j’avoue autrui.

LA NUIT LE FROID LA SOLITUDE
La nuit le froid la solitude
On m’enferma soigneusement
Mais les branches cherchaient leur voie dans la prison
Autour de moi l’herbe trouva le ciel
On verrouilla le ciel
Ma prison s’écroula
Le froid vivant le froid brûlant m’eut bien en main.



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