Sept poèmes de Rainer Maria Rilke (1966)
Pour voix moyenne et piano
Editions Chant du Monde
& Partition en ligne (Vergers)
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1. La Biche
2. Arrêtons-nous
3. Eau qui se presse
4. Comme un verre de Venise
5. Un Cygne
6. La Passante d’été
7. La Fontaine
Les Vidéos : Franziska Andrea Heinzen (soprano) – Benjamin Mead (piano)
1. La Biche (Animaux)
Mi mineur (Si2-Mi4)
Ô la biche : quel bel intérieur
d’anciennes forêts dans tes yeux abonde ;
combien de confiance ronde
mêlée à combien de peur.
Tout cela, porté par la vive
gracilité de tes bonds.
Mais jamais rien n’arrive
à cette impossessive
ignorance de ton front.
Sur le même poème…
* Paul Hindemith (1895-1963)
Pour quatuor vocal a cappella (Fiche dans ce blog)
2. Arrêtons-nous
Si bémol Majeur (Fa3-Fa4)
Arrêtons-nous un peu, causons.
C’est encore moi, ce soir, qui m’arrête,
c’est encore vous qui m’écoutez.
Un peu plus tard d’autres joueront
aux voisins sur la route
sous ces beaux arbres que l’on se prête.
3. Eau qui se presse (L’Eau)
Fa dièse Majeur (Mi3-Fa#4)
Eau qui se presse, qui court, eau oublieuse
que la distraite terre boit,
hésite un petit instant dans ma main creuse,
souviens-toi !
Clair et rapide amour, indifférence,
presque absence qui court,
entre ton trop d’arrivée et ton trop de partance
tremble un peu de séjour.
4. Comme un verre de Venise
Do dièse Majeur (Ré#3-Fa#4)
Comme un verre de Venise
sait en naissant ce gris
et la clarté indécise
dont il sera épris,
ainsi tes tendres mains
avaient rêvé d’avance
d’être la lente balance
de nos moments trop pleins.
5. Un Cygne (Animaux)
Fa Majeur (Do3-Fa4)
Un cygne avance sur l’eau
tout entouré de lui-même,
comme un glissant tableau ;
ainsi à certains instants
un être que l’on aime
est tout un espace mouvant.
Il se rapproche, doublé,
comme ce cygne qui nage,
sur notre âme troublée…
qui à cet être ajoute
la tremblante image
de bonheur et de doute.
Sur le même poème…
* Samuel Barber (1910-1981)
Pour soprano et piano (Fiche dans ce blog)
* Paul Hindemith (1895-1963)
Pour quatuor vocal a cappella (Fiche dans ce blog)
* d’Autres compositeurs sur Lieder.net
6. La Passante d’été (Promenade)
Do dièse mineur (So#2-Fa#4)
Vois-tu venir sur le chemin la lente, l’heureuse,
celle que l’on envie, la promeneuse ?
Au tournant de la route il faudrait qu’elle soit
saluée par de beaux messieurs d’autrefois.
Sous son ombrelle, avec une grâce passive,
elle exploite la tendre alternative :
s’effaçant un instant à la trop brusque lumière,
elle ramène l’ombre dont elle s’éclaire.
7. La Fontaine (L’Eau)
Mi Majeur (Do#3-Sol4)
Je ne veux qu’une seule leçon, c’est la tienne,
fontaine, qui en toi-même retombes,
celle des eaux risquées auxquelles incombe
ce céleste retour vers la vie terrienne.
Autant que ton multiple murmure
rien ne saurait me servir d’exemple ;
toi, ô colonne légère du temple
qui se détruit par sa propre nature.
Dans ta chute, combien se module
chaque jet d’eau qui termine sa danse.
Que je me sens l’élève, l’émule
de ton innombrable nuance !
Mais ce qui plus que ton chant vers toi me décide
c’est cet instant d’un silence en délire
lorsqu’à la nuit, à travers ton élan liquide
passe ton propre retour qu’un souffle retire.
(En vert : les Thèmes)
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