Reynaldo Hahn (1874-1947)
Sur des Poèmes de Jean Moréas
Cycle de 11 mélodies
Editions Heugel (1907)

Pour voix moyenne et piano
Partitions
Renseignements à propos des partitions
Description de l’oeuvre avec analyse musicale et écoute de quelques mélodies

Les vidéos : Charlotte de Rothschild, soprano · Adrian Farmer, piano

(En vert : les Thèmes)

1. Dans le ciel est dressé le chêne séculaire – Arbre-Chêne
Lent à 2/2 – La Majeur (Si2-Mi4)

Dans le ciel est dressé le chêne séculaire.
Que vous me plaisez mieux,
Marronniers de Paris, qu’un bec de gaz éclaire
Dans le soir pluvieux!

En vain il chante, enflant ses branches insensées,
La sève et le matin.
Mais votre triste front où je lis vos pensées
Surmonte le destin.


2. Encor sur le pavé, sonne mon pas nocturne (PDF page 3) – Paris
Modéré à 4/4 – Sol mineur (Do#3-Sib4)


Encor sur le pavé sonne mon pas nocturne ;
Ô Paris, tu me vois marcher
À l’heure où l’on entend, dans l’ombre taciturne,
La charrette du maraîcher.

Paris! Ô noir dormeur ! Paris ! Chant sur l’enclume
Et sourire dans les sanglots.
Que ne suis-je couché lorsque Vesper s’allume,
Sous les varechs au bord des flots !

3. Quand reviendra l’automne (PDF page 6) – Automne
Assez lent; Doux et brisé à 4/4 – Si Majeur (Si2-Mi4)

Quand reviendra l’automne avec ses feuilles mortes
Qui couvriront l’étang du moulin ruiné,
Quand le vent remplira le trou béant des portes
Et l’inutile espace où la meule a tourné,

Je reviendrai m’asseoir alors sur cette borne
Contre le mur, tissé d’un vieux lierre vermeil,
Et regarder longtemps, dans l’eau glacée et morne.
S’éteindre mon image et le pâle soleil.


4. Belle lune d’argent (PDF page 8) – Lune
Modéré: rêveur sans tristesse à 6/8 – Ré bémol Majeur (Fa3-Fa4)


Belle lune d’argent, j’aime à te voir briller
Sur les mâts inégaux d’un port plein de paresse,
Et je rêve bien mieux quand ton rayon caresse
Dans un vieux parc, le marbre où je viens m’appuyer.

J’aime ton jeune éclat et tes beautés fanées,
Je t’aime sur un lac, sur un sable argentin,
Et dans la vaste nuit de la plaine sans fin,
Et dans mon cher Paris, en haut des cheminées.

5. Quand je viendrai m’asseoir (PDF page 12) – Mer-Océan
Exalté, fougueux, mais sans aucun précipitation à 2/2 – Fa mineur (Do3-Sol4)

Quand je viendrai m’asseoir dans le vent, dans la nuit,
Au bout du rocher solitaire,
Quand je n’entendrai plus, en t’écoutant, le bruit
Que fait mon coeur sur cette terre,
Ne te contente pas, Océan, de jeter
Sur mon visage un peu d’écume!
D’un coup de lame alors il te faut m’emporter
Pour dormir dans ton amertume!


6. Eau printanière (PDF page 17) – Pluie
Assez lent à 5/4 – Sol Majeur (Si2-Mi4)


Eau printanière, pluie harmonieuse et douce,
Ainsi qu’une rigole à travers le verger
Et plus que l’arrosoir balancé sur la mousse,
Comme tu prends mon cœur en ton réseau léger!

À ma fenêtre ou bien sous le hangar des routes
Où je cherche un abri, de quel bonheur secret
Viens-tu mêler ma peine? Et dans tes belles gouttes
Quel est ce souvenir ou cet ancien regret?

7. Donc vous allez fleurir encor (PDF page 20) – Arbre
Sans lenteur aucune à 2/4 – Ré bémol Majeur (Ré3-Ré4)

Donc, vous allez fleurir encor, charmants parterres,
Déjà se courbent en arceaux
Et s’emplissent de bruit, dans les vieux cimetières,
Les arbres, gardiens des tombeaux.

Couvrez d’un tendre vert, arbres, vos branches fortes!
Quand viendra l’autan détesté,
Il vous faudra tout l’or des belles feuilles mortes
Pour en rehausser la beauté!


8. Compagne de l’éther (PDF page 23) – Cigarette
Modéré à 6/4 – Do Majeur (Mi3-Mi4)


Compagne de l’ether, indolente fumée,
Je te ressemble un peu…
Ta vie est d’un instant, la mienne est consumée;
Mais nous sortons du feu.

L’homme pour subsister, en recueillant la cendre,
Qu’il use ses genoux,
Sans plus nous soucier et sans jamais descendre,
Evanouissons-nous!

9. Pendant que je médite (PDF page 28) – Automne
à 3/4 – Fa dièse mineur (Do3-Mib4)

Pendant que je médite agitant les pensées
Où le noir destin m’a rivé,
J’entends le bruit du vent dans les feuilles blessées
Qui viennent couvrir le pavé.

Déjà, sur les rameaux abusés du zéphyre,
Tu passes, automne fumeux
Et je m’évanouis dans le tendre délire
De mon cœur dépouillé comme eux.


10. Roses en bracelet (PDF page 32) – Roses
Modéré, gracieux, souriant à 2/2 – Sol bémol Majeur (Do3-Fa4)


Roses en bracelet autour du tronc de l’arbre,
Sur le mur en rideau
Svelte parure au bord de la vasque de marbre,
D’où s’élance un jet d’eau,

Roses, je veux tresser encor quelque couronne
Avec votre beauté,
Et comme un jeune avril, embellir mon automne,
Au bout de mon été.

11. Aux rayons du couchant (PDF page 34) – Soleil couchant-Automne
Assez lent à 4/4 – Sol Majeur (Ré3-Fa#4)

Aux rayons du couchant, le long de cette ornière,
Je vous vois, peupliers revêtus de lumière!
Dans la pénombre, oiseaux, votre cri répété,
Pour la dernière fois a salué l’été!

Va, brode l’horizon, brume délicieuse,
D’émeraude et d’onyx, poussière précieuse…
Je veux me disperser ce soir dans le malheur
De l’automne qui vient, de l’automne en sa fleur…



Photo gratuite et libre de droit par 8926 de Pixabay