Xavier Leroux (1863-1919)
10 mélodies pour chant et piano – Editions Leduc (1897)
pour voix haute

Partition pour voix haute
Partitions pour voix haute (Gallica)

2.Offrande (Ronsard) – Fleurs-Rose
 Andante à 4/4
 Début dans un vague La mineur / Do Majeur et fin en La Majeur (Ré3-Sol4)

Comme on voit sur la branche au mois de Mai la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose :

La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d’odeur :
Mais battue ou de pluie, ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt feuille à feuille déclose :

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.

4.Chrysanthème (Armand Silvestre) – Fleurs-Chrysanthème
  Andante à 3/4 – Mi mineur (Do#3-La#4)

Pour savoir à quel point je t’aime,
Effeuille en rêvannt, mon trésor,
Non la marguerite au coeur d’or,
Mais ce coeur blanc du chrysanthème.

Car plus serrés et plus nombreux,
Ses pétales, faisceau de glaives,
Diront mieux l’infini des rêves,
Où se perd mon coeur amoureux.

« Un peu! » « Beaucoup! »
Mots sans pensée,
Et même « Passionnément! »
Un mot qui ne dit rien, vraiment,
Du mal dont mon âme est blessée.

C’est par mille et mille douleurs
Que mon être se multiplie,
Et, languissant, vers toi se plie
Comme le chrysanthème en fleurs.

La marguerite plus ne dure,
Quand l’automne, de ses doigts lourds,
Des mousses jaunit le velours,
Et disperse au vent la verdure.

Même après l’adieu du soleil,
Seul, dans les jardins qu’il décore,
Le chrysanthème s’ouvre encore,
A mon coeur fidèle pareil.

Pour savoir à quel point je t’aime,
Effeuille en rêvant, mon trésor.
Non la marguerite au coeur d’or,
Mais ce coeur blanc du chrysanthème.

5.Pensée de Printemps (Armand Silvestre) – Saisons-Printemps
  Gaîment, avec charme à 2/2 – Fa Majeur (Ré3-La4)

Le sang subtil des fleurs a frémi sous la terre :
L’âme douce des fleurs est lasse de sommeil,
Et les cieux attiédis, dans un baiser vermeil,
Des rajeunissements évoquent le mystère.

Le sang subtil des fleurs a frémi sous la terre.
La gaîté du jour luit dans l’oeil clair des ruisseaux
Dont la brise a fondu la paupière de glace;
Un frisson de verdure insensible s’enlace

Aux méandres que font les jeunes arbrisseaux.
La gaîté du jour luit dans l’oeil clair des ruisseaux.
Souris, oeil du ruisseau!
Souris, bouche des roses!

Le printemps, dans son vol puissant et gracieux.
D’un seul coup de son aile a balayé des cieux,
Comme un souffle maudit, l’ombre des jours moroses:
Souris, oeil du ruisseau!
Souris, bouche des roses!

9.Les Pervenches (André Mayrargues) – Fleurs-Pervenche
  Lentement, avec charme à 2/4 – Sol Majeur (Ré3-Sol#4)

Au jardin de mon coeur il s’ouvre des pervenches
Que fait fleurir d’amour le soleil de vos yeux;
Leur pétale est soyeux ainsi que vos mains blanches,
Et leur parfum est pur comme un parfum des cieux.

La brise du matin en riant dans la mousse
Met aux jeunes fourrés de plus tendres couleurs :
De même votre haleine, à mon âme si douce,
En ces pervenches met d’adorables pâleurs.

Oh! laissez voltiger votre souffle sur elles,
Très calme, pour les faire éclore tout à fait,
Et versez des rayons sur ces fleurs immortelles
Ouvertes sous vos yeux pour fleurir à jamais.

Car chacune au reflet du soleil qui les baigne,
Aspire tant d’amour et tant de volupté,
Que mon âme me semble un beau royaume où règne
L’astre de vos regards jusqu’à l’éternité.

Au jardin de mon coeur il s’ouvre des pervenches
Que fait fleurir d’amour le soleil de vos yeux;
Leur pétale est soyeux ainsi que vos mains blanches,
Et leur parfum est pur comme un parfum des cieux.



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