Jules Massenet (1842-1912)
Mélodies à déclamation libre avec chant
Recueil de 10 mélodies de différents poètes.
Editions Heugel
Pour moyenne et piano
Version pour voix haute
Partitions

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1. Dialogue
2. Les Nuages
3. En voyage
4. Battements d’ailes
5. La dernière lettre de Werther à Charlotte
6. Comme autrefois
7. Nocturne
8. Mélancolie
9. Rose de mai
10. Feux-follets d’amour

Les vidéos : Damien Top (ténor) Alain Raës (piano)

Dialogue
Poème de Marc Varenne
Andantino con moto à 2/4
La mineur (La2-Ré4)
Voix haute : Do mineur (Do3-Fa4)

Chanté
Pourquoi donc ne dis-tu plus rien ?
Je te trouve ce soir pâlie :
Bouder déjà, ce n’est pas bien…
Parlé
Mon aimé, les serments s’oublient.
Chanté
Alors prends ce bouquet de fleurs,
C’est de l’amour quelles émanent;
Dans tes beaux yeux pourquoi ces pleurs ?
Parlé
Mon bien aimé, les fleurs se fanent.
Chanté
Donne-moi la bouche à baiser,
On dit que les lèvres effleurent
Mais les miennes vont se poser…
Parlé
Mon bien aimé, les baisers meurent.

2. Les Nuages
Paroles de Madame la Contesse de Louvencourt
Lent, soutenu, expressif à 4/4
Sol mineur (La2-Fa#4)
Voix haute : La mineur (Do3-La4)

Parlé
Les voyez-vous passer sous le ciel monotone.
Tous ces nuages blancs aux reflets bleus et gris ?
Sans trêve ils sont chassés par l’âpre vent d’automne,
Qui les pousse toujours et les met en débris ;
Ils sont tout affolés et semblent en détresse,
Dès que je les admire, ils fondent aussitôt,
Et dans mon cœur, soudain, je sens une tristesse :
Je veux les regarder, mais ils meurent trop tôt !
Chanté
En les voyant courir,
Jeunesse, à toi je songe,
Quand fuyant sous le vent des désillusions,
Ton aile, se brisant à l’écueil du mensonge,
S’éparpille en morceaux comme un vol d’alcyons.
On te rappelle en vain, tu pars inexorable,
On t’espère on t’attend, on te pleure toujours,
Et tu laisses en nous un vide intolérable,
Car tu pris, en partant, non espoirs, nos amours
Et tu nous arrachas d’une main trop cruelle
Tant de cœurs allumés aux rayons de ta Foi !
Parlé
Voilà pourquoi souvent, images en dentelle.
Mes yeux en vous suivant s’attristent malgré moi.

3. En voyage
Poème de Théodore Maurer
Modéré à 4/4
Sol Majeur (Sib2-Mi4)
Voix haute : La Majeur (Do3-Fa#4)

Parlé
Où donc allez-vous, Madame,
Sans postillon ni piqueur ?
Chanté
Je m’en vais porter mon âme
Où s’en est allé mon cœur.
Parlé
Pourquoi la voiture est-elle
Sans or, satin ni velours ?
Chanté
A quoi bon ? C’est, telle quelle,
La voiture des grands jours.
Parlé
Elle a pris un ton morose,
Sous les injures de l’air.
Chanté
Le matin la fait d’or rose,
Et la lune d’argent clair.
Parlé
Ce carrosse, qui le traîne ?
Il ne roule pas tout seul !
Chanté
L’espérance, ma marraine,
Avec l’Amour mon filleul.
Parlé
Mais rien qu’à voir comme il penche,
Il va courir de guingois.
Chanté
Sans déplacer une branche
Il traversera les bois.
Parlé
Quand vous mettrez-vous en route
Pour ce voyage enchanté ?
Chanté
Avant de partir, j’écoute
Si l’alouette a chanté.
Parlé
Pourquoi nous quitter, petite,
Par ce printemps embaumé ?
Chanté
Au mois d’Avril on va vite ;
On va loin au mois de mai !
Parlé
Dans cette pauvre voiture
Vous aurez chaud au mois d’août.
Chanté
On peut tenter l’aventure,
Quand le bonheur est au bout !

4. Battements d’ailes
Poème de Jeanne Dortzal
Assez lent à 12/8
Do Majeur (Do3-Fa4)
Voix haute : Ré Majeur (Ré3-Sol4)

Parlé
Les soirs d’été si doux, voilés de crêpes bleus,
Où le cœur vient mourir dans un battement d’ailes,
Font les arbres légers
Comme de blonds cheveux
Sur lesquels, en rêvant, flotteraient des dentelles.
Le lac a revêtu ses tons de camaîeux
Et reflète en son eau, du ciel,
L’unique étoile…
Regardons-nous, veux-tu, tout au fond de nos yeux,
Afin que notre amour hisse sa blanche voile.
Chanté
Ah ! laissons-nous bercer par le divin hasard…
Quel bonheur de s’aimer au cœur même des choses,
De jeter sur la vie un doux et long regard,
De jeter sur la vie, à pleines mains,
Des roses !… des roses !.. des roses !…

5. La dernière lettre de Werther à Charlotte
Poème du Comte Roger de Gontaut-Biron
Lent à 4/4
Fa Majeur (La2-Sol4)
Voix haute : Sol Majeur (Si2-La4)

Chanté
« Il faut nous séparer… »
Parlé
Au bord de cet abîme,
L’heure a sonné pour nous de l’éternel adieu;
Et j’irai, s’il est vrai que l’amour est un crime,
En demander pardon à Dieu.
Chanté
C’est fini ! pour toujours !
J’entreprends un voyage,
Dont, pour vous retrouver, je ne reviendrai pas;
Mais, en mon cœur brisé j’emporte votre image,
Afin d’enchanter mon trépas !
Jusqu’au moment suprême, enivré par vos charmes,
Mon cœur n’aura battu dans l’ombre que pour vous,
Et mon dernier baiser, et mes dernières larmes,
Je les dépose à vos genoux.
Je vous fais mes adieux de la petite chambre
D’où je ne sortirai plus que dans mon linceul;
Et, pour me consoler en ce jour de Décembre,
Personne ! je suis seul, seul !
Parlé
D’ailleurs, il se fait tard; d’ici quelques minutes,
A partir pour là-bas je vais me préparer
Noël !.. j’entends au loin des airs gais sur des flûtes…
Chanté
Charlotte !
Je t’aime !
Adieu !
Il faut nous séparer !
Adieu… Charlotte…
Parlé
Adieu… Adieu !

6. Comme autrefois
Poème de Jeanne Dortzal
Lent à 4/4
La mineur (La2-Sib3)
Voix haute : Do mineur (Do3-Réb4)

J’ai revêtu, ce soir,
Mon large manteau noir,
Celui que je mettais au temps de nos folies,
Quand tes yeux s’emplissaient de mes mélancolies.
Puis j’ai remis la fleur
Qui tremblait sur mon cœur
Jadis : géranium ou branche de verveine ?
O parfum qui contient une si douce peine…
Car j’ai pleuré d’amour,
Tout bas, jusques au jour.
N’as-tu pas vu parmi des lambeaux de dentelles,
Mes bras nus suppliants s’ouvrir comme des ailes ?
Et mon grand manteau noir
Flotter au vent du soir ?

7. Nocturne
Poème de Jeanne Dortzal
Très lent à 6/4
Si bémol Majeur (Sib2-Ré4)
Voix haute : Ré Majeur (Ré3-Fa#4)

Parlé
Il est minuit.
La bonne odeur de bois fait frissonner les roses;
L’étoile luit;
Chanté
Mon cœur a chaud ce soir; sais-je pour quelles causes ?
Parlé
Tu peux venir,
Je ne te dirai rien… je laisserai la chambre
Se souvenir…
Chanté
Déjà roulent sur nous de longs effluves d’ambre.
Parlé
Trouves-tu pas
Que l’ombre agit sur nous comme un puissant dictame ? on était las…
Chanté
Soudain la nuit vous berce et vous emporte l’âme !
Parlé
Mais tu souris
Mystérieusement, sans trop comprendre,
Et t’attendris
Chanté
Car tu sais bien que tes baisers vont me reprendre…
Parlé
Je t’aime tant !
Donne tes yeux, sois grave, et donne-moi tes lèvres.
Pour qu’en partant
Chanté
Je puisse encor crier ton nom parmi mes fièvres !

8. Mélancolie
Paroles : anonyme
Andante expressivo (sans lenteur) à 6/4
La mineur (La2-Mi4)
Voix haute : Do mineur (do3-Sol3)

Parlé
Sur les flots de la vie,
Suivant ce qui me tient,
Suivant ce qui me lie
Je m’en vais, pauvre rien…
Le temps est gris…
Qu’importe !..
Va, mon cœur;
Chanté
Suivant ce qui t’emporte,
Chante ou pleure les jours !
Mon cœur, va toujours,
Suivant ce qui t’emporte.
Parlé
Va toujours…
Si la mer est bien douce
Mon cœur en reposant
Chante le vent qui pousse
Ma barque de passant…
Le temps est gris…
Qu’importe !
Va, mon cœur, va toujours;
Suivant ce qui t’emporte…
Chante, ou pleure les jours…
Chanté
Mon cœur, va toujours
Suivant ce qui t’emporte…
Parlé
Va….

9. Rose de mai
Poème de Seymourina Poirson
Assez lent à 3/4
Mi majeur (Si2-Mi4)
Voix haute : Sol majeur (Ré3-Sol4)

Chanté
Ce n’est pas ta beauté qui m’attire…
d’autres fleurs la reçurent en partage;
mais tu possèdes, ô belle,
la royauté des roses, tu es la rose de Mai!
Parlé
Ce parfum discret qui violente mon âme
fait des senteurs fraîches de l’immortel Printemps
tu le gardes jalousement au fond de ton calice
et tu le révèles qu’à tes élus, ô rose de mai !
Chanté
Sur un sein blanc aimé où tu fleuris un jour,
pudique union du lys et de la rose,
mes lèvres goûtèrent cette blancheur;
et ta pourpre… tu devins immortelle ! O rose de Mai
Parlé
Ta senteur de mystère à pénétrer mon âme
qu’elle inonde toute entière ! quand je te respire,
d’une brève minute d’amour tu fais l’heure infinie…
cruellement éternelle, mais divine,
Tu es le « Souvenir », O glorieuse de Mai !
Chanté
Ce n’est pas ta beauté qui m’attire…
d’autres fleurs la reçurent en partage;
mais tu possèdes, ô belle
la royauté des roses, tu es la rose de Mai !

10. Les Feux-follets d’amour
Paroles de Madeleine Grain
Animé et léger à 2/4
Fa Majeur (La2-La4)
Voix haute : Sol Majeur (Si2-Si4)

Chanté
« Mes sœurs ! dans cette nuit d’étoiles
Je sens le printemps voltiger !
Où fuyez-vous ?..
Où fuyez-vous ?..
Un vent léger
Caresse mollement vos voiles…
Un vent léger un vent jaloux…
Où fuyez-vous ? »
Parlé
Ainsi, devant la vierge blanche,
Ses sœurs passent…
L’une se penche:
« Sens !..
De parfums, le soir, est lourd !
Viens avec nous !
Viens à l’amour ! »
Elle hésite !..
Chanté
Et sur les prairies,
Près des sources, dans les forêts,
Des nymphes sur les gazons frais
En souples théories, glissent…
 » Sur les gazons… les gazons roux,
Où glissez-vous ? »
Parlé
« Viens ! »
Et la vaporeuse bande
Serpente, serpente, ondule sur la lande,
L’enlace, l’enlace :
« Viens ! Viens ! Viens !
Le temps est court !
Fuis avec nous !
Fuis vers l’amour ! »
Las !
D’aimer… la vierge succombe !
Chanté
Depuis, par les soirs désolés,
Du sein des eaux, les feux-follets
viennent l’arracher à sa tombe :
Parlé
« Feux-follets !
Où m’emportez-vous ! »
Danse avec nous !
Chanté
Et renouant leurs farandoles,
Tourbillonnant en rondes folles,
Ils dansent, ils dansent, dansent, dansent,
ils tournent, tournent jusqu’au jour
ah ! ah ! ah ! ah !
Les pâles feux-follets d’amour !
Les feux-follets d’amour !


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