Gabriel Pierné (1863-1937)
Vingt mélodies pour chant et piano n°10
Conte en prose de Catulle Mendès
Éditions Leduc

Pour voix moyenne et piano
Allegretto à 12/8
Ré Majeur (Do#3-Fa#4)
Partition

Sabine Revoult d’Allonnes, soprano – Samuel Jean, piano

Dans le petit cimetière autour de l’église, frais, joli, tout fleuri de roses blanches et tout doré de soleil, j’ai vu une jeune fille. Ah ! qu’elle était jeune ! dix-sept ans ? pas encore, une jeune fille qui se tenait près d’une tombe, et qui riait.

On ne saurait rien imaginer de plus gracieux que cette enfant, toute fluette, toute mignonne, avec ses cheveux blonds, un peu courts, qui frisaient, et ses yeux ingénus et sa bouche de petite églantine.

Mais ce qui me fâcha c’est qu’elle riait ; Ce n’est pas une chose convenable de montrer de la joie près des fosses où dorment les morts ;

Mademoiselle, vous avez tort de rire. Sans doute, vous n’avez pas connu celui qui est couché sous cette pierre ?

Comment ? dit-elle, je ne l’ai pas connu ? Il était mon ami, il était mon fiancé ! Je n’avais de bonheur que le sien, d’espérance que la sienne, et, quand il mourut, je crus que j’allais mourir, mourir aussi !

Cependant, vous riez ! Repris-je.

Ah ! dit-elle, c’est que je m’en souviens. Vivant, sa seule joie était de me voir contente, et si je pleurais sur sa tombe, cela lui ferait, j’en suis sûre, trop de peine !



Image par S. Hermann & F. Richter de Pixabay