Benjamin Godard (1849-1895)
Douze mélodies Op.102
Éditions Choudens
Partition

1. Chanson de Janvier
Poème de François Coppée
Pour voix haute et piano
Molto moderato à 3/4 – Do Majeur (Mib3-Sol4) Lab facultatif

Songes-tu parfois, bien-aimée,
Assise près du foyer clair,
Lorsque, sous la porte fermée
Gémit la bise de l’hiver,

Qu’après cette automne clémente
Les oiseaux, cher peuple étourdi,
Trop tard, par un jour de tourmente
Ont pris leur vol vers le Midi ;

Que leurs ailes, blanches de givre,
Sont lasses d’avoir voyagé ;
Que sur le long chemin à suivre
Il a neigé, neigé, neigé ;
Et que, perdus dans la rafale,
Ils sont là, transis et sans voix,
Eux dont la chanson triomphale
Charmait nos courses dans les bois ?

Hélas ! comme il faut qu’il en meure
De ces émigrés grelottants !
Y penses-tu ? Moi, je les pleure,
Nos chanteurs du dernier printemps.

Tu parles, ce soir où tu m’aimes,
Des oiseaux du prochain Avril ;
Mais ce ne sera plus les mêmes,
Et ton amour attendra-t-il ?

Charles-Marie Widor (1844-1937)
40 Mélodies n°40
« Songes-tu parfois, bien-aimé » Op.53 n°6
Partition (Pdf page 190)
Pour voix haute ou moyenne et piano
Andante à 4/4 – Sib Majeur (Ré3-Lab4)

2. Chanson de Février
Poème de Victor Barrucand
Pour voix haute ou moyenne et piano
Tempo di valzer à 3/4 – Si bémol Majeur (Ré3-Fa4) Sol4 facultatif

Sonnez, grelots ! résonne orchestre !
Que des Rois à la Saint Sylvestre,
Il ne soit pas de meilleur temps
Que les soirs où, muse en démence,
Je conduis le bal qui commence,
Au bruit des flonflons éclatants.

Je viens en jupe de Folie,
Pour chasser la mélancolie;
Oubliez tout, soyez ravie,
Mon rire est plus vibrant qu’un trille.
Et s’il le faut, dans un quadrille,
Je vais vous faire vis à vis.
Aux buissons il n’est pas de roses
Et pourtant, sur vos fronts moroses,
Mettez des couronnes de fleurs,
Endossez la robe écarlate
Pour que partout la joie éclate
Dans le flamboiement des couleurs.

Accourez, masques de la rue,
Allons, que la foule se rue
Sous les lustres qui vont briller !
Tu rêveras demain poète,
Aujourd’hui, prends part à la fête,
Que veut te donner Février !

3. Chanson de Mars(Fiche dans ce Blog)
Poème de Théophile Gautier

4. Chanson d’Avril
Poème de Charles d’Orléans
Pour voix haute et piano
Andante à 6/8 – Do mineur (Mib3-Sol4)

Le temps a laissé son manteau
De vent de froid et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant clair et beau.

Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
« Le temps a laissé son manteau
De vent de froid et de pluie ».
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie
Gouttes d’argent d’orfèvrerie
Chacun s’habille de nouveau.

5. Chanson de Mai
Poème de Charles Grandmougin
Pour voix haute ou moyenne et piano
Andante à 2/4 – Do Majeur (Mi3-Lab4)

Le ciel est bleu, tout s’éveille et frissonne,
Des fleurs de Mai saluons le retour;
Le bois ombreux nous attend, ma mignonne;
Qu’au renouveau notre cœur s’abandonne:
Viens, ma beauté ! viens sourire à l’amour.

La brise est pure et la terre embaumée
Et mille oiseaux ont chanté dès le jour.
C’est le Printemps ! viens au loin, bien aimée !
Le lac d’azur, les oiseaux, la ramée,
Tout nous inspire et la joie et l’amour.
Ne tardons pas, la nature est en joie
Et nous murmure : Aimez vous pour toujours !
C’est le bonheur que l’amour nous envoie:
Tout refleurit sous le ciel qui flamboie;
Au fond des bois viens cacher nos amours !

6. Chanson de Juin
Poème de Victor Barrucand
Pour voix haute et piano
Andante tranquillo à 4/4 – La Majeur (Mi3-La4)

Deborah Sobol, soprano – Patrice Michaels, piano


Voici l’heure adorable où la nuit va descendre,
L’heure où le val s’emplit d’un pur enchantement.
Une invisible cendre
Empourpre de son vol l’azuré firmament.
Voici l’heure adorable où la nuit va descendre,
L’heure des abandons et du recueillement.
Voici l’heure adorable, L’heure des abandons.

Voici l’heure adorable où se complait le rêve,
L’heure où le désir monte et retombe dolent;
De même vers la grève
Le flot se précipite et se brise en râlant.
Voici l’heure adorable où se complaît le rève,
L’heure où le soleil meurt à l’horizon sanglant.
Voici l’heure adorable où se complaît le rêve.

Voici l’heure adorable où la nuit est venue,
L’heure où plus pénétrants s’exhalent les parfums.
Les astres de la nue
Falotent sur les eaux et dans les sentiers bruns;
Voici l’heure adorable où la nuit est venue,
L’heure des souvenirs, chère aux amours défunts.


7. Chanson de Juillet
Poème d’Édouard Guinand
Pour voix haute et piano
Allegro vivace à 4/4 – Sol Majeur (Ré3-La4)

[refrain]
Ah ! que la plaine est embaumée !
Le soleil verse des flots d’or…
Chante, chante, fauvette aimée,
Ta voix est tendre, chante encor.

La nature semble joyeuse
A l’aurore d’un jour d’été
Dans la forêt mystérieuse
L’écho résonne avec gaité !
[refrain]

Tout est ivresse sur la terre
Dans le ciel bleu tout est bonheur
Que le vie est un doux mystère
Quand l’amour inonde le coeur !

[refrain]

8. Chanson d’Août
Poème de Victor Barrucand
Quasi adagion à 4/4 – Do Majeur (Do3-Mib4)

Pas la plus légère brise
Sous les rayons de midi
Dans cette chaleur qui grise
Le troupeau dort engourdi.

Les fleurs ferment leur corolle
Et prennent des airs penchés;
La feuille retombe molle
Sur les rameaux desséchés.
Pas un murmure ne passe
En ce repos accablant;
Le coeur de la terre lasse
Bat silencieux et lent.

La pierre blanche repousse
La clarté comme un miroir
On voit, couché sur la mousse
Le vert lézard à l’oeil noir.


9. Chanson de Septembre
Poème d’Alfred Blot
Pour voix haute ou moyenne et piano
Andande tranquillo à 2/4 – Ré Majeur (Ré3-Fa#4)

Sur les sommets lointains obscurcis par ses voiles,
Le soir est descendu discret et familier,
Et la nuit, en riant, égrène ses étoiles,
Comme les perles d’un collier.

Là bas, près du coteau qui rayonne à sa vue,
La Lune a dénoué sa robe au pli changeant,
On dirait qu’elle hésite et tremble, l’ingénue,
Pour y poser son pied d’argent.
Tout dort, l’oiseau, la fleur et la grappe vermeille,
La brise caressante au bord du lac profond,
Et seul, dans la nature, il est un cœur qui veille
Au doux penser de ton doux nom.

10. Chanson d’Octobre
Poème de Charles Grandmougin
Pour voix haute et piano
Allegro à 2/4 – Fa Majeur (Ré3-La4) Do3 facultatif

Les prés sont tout blancs de rosée
Une brume légère argente le ciel bleu;
Et le soleil, voilé d’une vapeur rosée
S’est levé pacifique et serain comme un dieu.

Les prés sont tout blancs de rosée
De l’Orient souffle un vent frais
Un bon vent matinal dont l’haleine est mouillée
J’aspire la senteur des prochaines forêts.
La terre a le frisson d’une vierge éveillée.
De l’Orient souffle un vent frais
J’ai le coeur gai comme au printemps !
Salut, azur ! Salut ! vivante matinée
Salut, bois encor verts, feuillages palpitants;
Salut ! doux renouveau ! Le dernier de l’année.

11. Chanson de Novembre
Poème de Victor Barrucand
Pour voix moyenne et piano
Molto tranquillo à 2/2 – Ré mineur (La2-Fab4)

Novembre apparaît.
Le foyer s’allume,
La triste forêt
Se revêt de brume,
Le roseau mouvant
Qui semble un grand cierge
Fuit trembler au vent
Les fils de la Vierge.

Forts, sous l’aiguillon,
Les bœufs de charrue
Creusent un sillon
Dans la plaine herbue,
Puis, vient le semeur
Qui d’un geste large
Jette avec lenteur
Le grain de sa charge.
Dans le ciel pâli,
L’heure qui s’avance
Ne met pas un pli
Pas une nuance,
La bise en passant
Gémit, désolée
Et la nuit descend,
Comblant la vallée.

12. Chanson de Décembre
Poème de Victor Barrucand
Pour voix haute et piano
Andante tranquillo à 3/4 pour le chant et 9/8 pour le piano
Ré Majeur (Ré3-La4)

Savez-vous, ô fleur de mon âme
A quoi je pense en ce moment
Pendant qu’assis, près de la flamme,
Nous parlons amoureusement ?

Je pense à la neige qui tombe,
A la campagne, au blanc chemin;
Je pense à tout ceux que la tombe
Nous a ravis sans lendemain.
Je pense au feu qui devient cendre,
Au jour brillant qui devient nuit
Je pense à notre amour si tendre;
Je pense à tout ce qui s’enfuit;

Et comme je sais l’heure brève
Et plein de fragilité,
Je trouve encor plus beau le rêve
Qui dès demain peut m’être ôté !



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