Poème de l’amour et de la mer op.19
Sur des poésies de Maurice Bouchor
Pour voix haute et orchestre (ou piano)
1.La Fleur des eaux
Interlude
2.La Mort de l’amour
Le Temps des lilas
Partition (Gallica)
* version orchestre pour voix haute
Partitions (Imslp)
* version piano pour voix haute
* version piano pour voix moyenne
* version orchestre pour voix moyenne
1.La Fleur des eaux
Calme à 3/4
Voix haute : Sol Majeur (Ré3-Lab4)
Voix moyenne : Fa Majeur (Do3-Solb4)
Jessye Norman, soprano Armin Jordan, direction Monte-Carlo Philharmonic Orchestra |
Bruno Laplante, baryton Janine Lachance, piano |
Qui, fleurissant du haut des murs jusques en bas,
Embaument les cheveux des femmes.
La mer au grand soleil va toute s’embraser,
Et sur le sable fin qu’elles viennent baiser
Roulent d’éblouissantes lames.
Ô ciel qui de ses yeux dois porter la couleur,
Brise qui vas chanter dans les lilas en fleur
Pour en sortir tout embaumée,
Ruisseaux qui mouillerez sa robe, ô verts sentiers,
Vous qui tressaillerez sous ses chers petits pieds,
Faites-moi voir ma bien aimée !
Et mon cœur s’est levé par ce matin d’été ;
Car une belle enfant était sur le rivage,
Laissant errer sur moi des yeux pleins de clarté,
Et qui me souriait d’un air tendre et sauvage.
Toi que transfiguraient la Jeunesse et l’Amour,
Tu m’apparus alors comme l’âme des choses ;
Mon cœur vola vers toi, tu le pris sans retour,
Et du ciel entr’ouvert pleuvaient sur nous des roses.
Quel son lamentable et sauvage
Va sonner l’heure de l’adieu !
La mer roule sur le rivage,
Moqueuse, et se souciant peu
Que ce soit l’heure de l’adieu.
Des oiseaux passent, l’aile ouverte,
Sur l’abîme presque joyeux ;
Au grand soleil la mer est verte,
Et je saigne, silencieux,
En regardant briller les cieux.
Je saigne en regardant ma vie
Qui va s’éloigner sur les flots ;
Mon âme unique m’est ravie
Et la sombre clameur des flots
Couvre le bruit de mes sanglots.
Qui sait si cette mer cruelle
La ramènera vers mon cœur ?
Mes regards sont fixés sur elle ;
La mer chante, et le vent moqueur
Raille l’angoisse de mon cœur.
2. La Mort de l’amour
Vif et joyeux à 3/8
Voix haute : Mi Majeur (Do3-Lab4)
Voix moyenne : Ré Majeur (Sib2-Solb4)
Jessye Norman, soprano Armin Jordan, direction Monte-Carlo Philharmonic Orchestra La Mort de l’amour & Le Temps des lilas |
Jean-François Lapointe, baryton Louise-Andrée Baril, piano |
Parmi les rocs m’apparaîtra ;
L’île sur l’eau silencieuse
Comme un nénuphar flottera.
À travers la mer d’améthyste
Doucement glisse le bateau,
Et je serai joyeux et triste
De tant me souvenir bientôt !
Le vent roulait les feuilles mortes ; mes pensées
Roulaient comme des feuilles mortes, dans la nuit.
Jamais si doucement au ciel noir n’avaient lui
Les mille roses d’or d’où tombent les rosées !
Une danse effrayante, et les feuilles froissées,
Et qui rendaient un son métallique, valsaient,
Semblaient gémir sous les étoiles, et disaient
L’inexprimable horreur des amours trépassés.
Les grands hêtres d’argent que la lune baisait
Étaient des spectres : moi, tout mon sang se glaçait
En voyant mon aimée étrangement sourire.
Comme des fronts de morts nos fronts avaient pâli,
Et, muet, me penchant vers elle, je pus lire
Ce mot fatal écrit dans ses grands yeux : l’oubli.
Le Temps des lilas
Lent et triste à 3/4
Voix haute : Ré mineur (Mib3-Sol#4)
Voix moyenne : Do mineur (Réb3-Fa#4)
Véronique Gens, soprano Susan Manoff,piano |
Gérard Souzay, baryton Jacqueline Bonneau, piano |
Ne reviendra plus à ce printemps-ci ;
Le temps des lilas et le temps des roses
Est passé, le temps des œillets aussi.
Le vent a changé, les cieux sont moroses,
Et nous n’irons plus courir, et cueillir
Les lilas en fleur et les belles roses ;
Le printemps est triste et ne peut fleurir.
Oh ! joyeux et doux printemps de l’année,
Qui vins, l’an passé, nous ensoleiller,
Notre fleur d’amour est si bien fanée,
Las ! que ton baiser ne peut l’éveiller !
Et toi, que fais-tu ? pas de fleurs écloses,
Point de gai soleil ni d’ombrages frais ;
Le temps des lilas et le temps des roses
Avec notre amour est mort à jamais.
Image par David Mark de Pixabay